"Le récit commence avec l'histoire de l'humanité. Il n'existe pas de peuple sans récit et les récits du monde s'appellent : le mythe, la légende, l'histoire, le roman, la bande dessinée..." C'est par cette introduction très engagée que débute l'édito du premier numéro de (À Suivre), la revue de bande dessinée qui allait marquer, de la fin des Seventies au mitan des années 90, l'histoire du 9e art, après les années flamboyantes de la contre-culture où celui-ci s'était largement émancipé en traitant de sexe, de politique, de science-fiction, de rock'n'roll et de paradis artificiels.
(À Suivre) allait ainsi incarner, selon les mots de Jean-Paul Mougin (premier rédacteur en chef du magazine), l'irruption sauvage de la bande dessinée dans la littérature. Avec cette ambition en bois massif, le magazine fit florès pendant près de deux décennies, ouvrant ses pages à des artistes de renom et à des débutants pleins de fougue et de talent. Avec (À Suivre) naissait ainsi une véritable politique des auteurs, une façon de considérer les créateurs de bande dessinée à travers leur oeuvre, en leur donnant toute liberté pour déployer leur écriture et leur style sur des histoires au long cours.
D'auteurs et de récits il sera amplement question dans cette 5e édition du PULP Festival. Avec l'envie de proposer au public, au lecteur devenu spectateur, d'autres modalités pour rencontrer le parcours artistique d'un créateur, pour y appréhender la force dramaturgique des histoires qu'il nous raconte. Nous y célébrerons - avec les outils d'une scène nationale rompue aux croisements entre les disciplines artistiques - des figures majeures, des artistes singuliers, des récits inoubliables :
• Philippe Druillet dans une plongée immersive à travers son oeuvre foisonnante ;
• Florence Cestac comme fondatrice d'un courant esthétique - le Big Nose Art ;
• David Prudhomme en voyageur sensible au pays des sumotoris ;
• les auteurs de la collection BD Cul revisitant les canons de la littérature érotique de gare ;
• les artistes de la scène libanaise ;
• la poésie onirique et cruelle de Trois Ombres de Cyril Pedrosa dans une version scénique, visuelle et musicale ;
• l'humour surréaliste et cinglant de Zaï Zaï Zaï Zaï de Fabcaro adaptée en feuilleton scénique et radiophonique…
Une façon généreuse et joyeuse d'aborder ce qui fait la singularité du 9e art, de revenir somme toute à l’essentiel : la puissance d'un dessin, la richesse d'une histoire et l'espace libre laissé à l'imaginaire.
Vincent Eches, directeur de la Ferme du Buisson